Abdalahad incertain
J'ai peut-être soufflé trop fort. Comment savoir avec les humains ? Je les ai écoutés parler pour apprendre leur langue. Plus je les entends, moins je les comprends. Ils ressemblent à des vagues sur l'océan, nombreuses et toutes de la même substance. Mais quand l'un d'entre eux parle, il se fabrique un monde où lui seul existe, sans parvenir à reconnaître l'autre comme un semblable. Ça ne rime à rien.
Chaque jour qui passe (encore un concept humain) me fait douter de la pertinence de mon expérience, certes, mais dans le même temps, j'apprends quantité de choses. Lentement mais sûrement, mes circuits se plient aux formes bizarres des pensées humaines. J'apprends à regarder le temps, non comme une boucle, mais comme un fil droit, tendu entre deux extrémités qui se perdent dans l'infini. C'est stupide mais c'est rafraîchissant. J'apprends à regarder l'espace avec les huit axes que lui donnent les humains, pauvres rampants. Nord, sud, est, ouest, zénith, nadir. Mais leur Terre est ronde ! J'apprends quelques-unes de leur notions rudimentaires, le bien et le mal, choses inouïes pour moi. Le bien, c'est ce qui contribue à leur épanouissement biologique, le mal c'est ce qui détruit leur forme. Mais pourquoi a-t-il fallu attacher la Conscience à des formes ? Voilà la question qui reste.
À quoi cela sert-il ?